L’ambroisie dans les grandes cultures : un vrai souci de gestion

L’ambroisie dans les grandes cultures : un vrai souci de gestion

L’ambroisie pose un problème de santé publique, mais elle pose également un fort problème agricole. En effet, sa présence dans les champs devient de plus en plus fréquente, pouvant entraîner des pertes partielles ou totales de récolte. De plus, les risques de dissémination par les outils agricoles (châssis, moissonneuses batteuses) sont très élevés, d’autant plus si l’on fait appel à des entreprises qui sillonnent un large territoire.

Photo 1 : concurrence ambroisie à feuilles d’armoise dans culture de tournesol. Photo ©M. Lebras, Cetiom

En effet, s’il y a un stock de graines dans le sol, l’ambroisie se développera très facilement sur les sols travaillés pour un semis de printemps. Les cultures comme le soja, le maïs et surtout le tournesol peuvent être alors envahies, les plants d’ambroisie se développant plus rapidement que les semis. Le désherbage sur tournesol n’est souvent pas efficace, les ambroisies étant de la même famille botanique que le tournesol.

Les agriculteurs se verront contraints de broyer leur récolte en même temps que les ambroisies (voir témoignage ci-dessous). Il faut intervenir absolument avant la floraison, puis repasser si nécessaire avant la grenaison pour éviter que le stock semencier d’ambroisie n’augmente dans le sol.

Le développement des ambroisies sur cultures d’hiver (céréales notamment) est différent. L’ambroisie n’aimant pas la concurrence, les plants ne se développeront qu’après la moisson début juillet. Mais ceux-ci sont capables de se reproduire avant la fin de l’automne. Pour Thierry Pianetti, de la Chambre d’Agriculture du Gard, le meilleur moyen de lutte est alors de passer des disques (passage croisé) sur les plants avant fin juillet.

Une fois les sols « pollués » par des semences d’ambroisie, il faut rester toujours vigilant pour éviter que les plantes se reproduisent, et que les semences se disséminent.
La meilleure lutte est donc vraiment d’éviter que l’ambroisie n’arrive et ne s’implante dans un territoire.

Paroles d’acteur : témoignage d’une agricultrice en Charente (extrait de la lettre n°46 de l’Observatoire des ambroisies)
Laëtitia PLUMAT est agricultrice, installée depuis 12 ans sur Fouquebrune en Charente. Son assolement est composé de blé, orge, tournesol, maïs irrigué, jachère et d’une petite partie réservée à de la vigne affectée au Cognac.

« La problématique de l’ambroisie est apparue il y a environ 4 ans. Au départ, seules quelques plantes disséminées dans les maïs, dans la vigne et dans les fossés et bordures de champs étaient visibles. Le fauchage beaucoup plus ponctuel des bords de route a contribué à sa prolifération.
En 2014, j’ai implanté 4 hectares de tournesol traditionnel. Ce fût un mauvais choix car j’ai dû les broyer avant récolte, l’ambroisie ayant pris le dessus. J’ai choisi de ne pas moissonner afin d’éviter la contamination dans les autres parcelles avec la moissonneuse batteuse.
Depuis, j’ai dû changer mes pratiques culturales en effectuant davantage de rotations régulières et appliquer des désherbants spécifiques sur chaque culture. Malgré cela, l’ambroisie est la reine de nos champs et son développement est exponentiel.


Photo 2 : Laeticia Plumat dans un chaume : les plants d’ambroisie lèvent après moisson. Photo Observatoire des Ambroisies.

Pour éviter son développement, je réalise un désherbage chimique début août dans les chaumes de céréales. Sans désherbant spécifique, aucune de mes cultures ne pourrait se développer normalement. Cela implique donc de semer des céréales à paille dans tous les champs régulièrement.

Les allées dans les vignes sont broyées avant la floraison de l’ambroisie ainsi que toute bande enherbée sur l’exploitation.
Les secteurs de Fouquebrune, Mouthiers, Torsac, Villebois sont également infestés et malheureusement des pratiques trop laxistes de certains et les problématiques de fauche tardive et incomplète de la collectivité n’aideront pas à en venir à bout. Tous les agriculteurs ici sont préoccupés par cette prolifération et ont recours à des désherbages chimiques pour enrayer le processus de destruction. L’interdiction de destruction des cultures intermédiaires pièges à nitrate (CIPAN) complique encore la gestion de l’ambroisie. »