Les Ambroisies dans le Gers – Partie 2

L’engouement de la réunion en bord de champ à Marsolan (32) du 4 mai dernier nous avait laissé entendre qu’il fallait réitérer ce type de rencontre pour continuer de sensibiliser les agriculteurs et acteurs agricoles impactés par les Ambroisies dans d’autres secteurs.

C’est ainsi que FREDON Occitanie a organisé 2 réunions bords de champ à Réjaumont (32) et Lectoure (32) ce vendredi 21 juillet, en s’appuyant sur le soutien du CPIE Pays Gersois, de la Chambre d’Agriculture du Gers et de Gersycoop qui ont, de leur côté, relayé l’information.

Ce rassemblement a permis de mettre en lumière des besoins, de discuter des moyens de lutte à prioriser et de féliciter et de reconnaître les mesures déjà prises par les agriculteurs concernés par ces adventices. Revenons sur les conclusions de chaque réunion :

L’Ambroisie trifide encore minoritaire à Réjaumont mais attention à  sa propagation !

A Réjaumont (32), quelques pieds d’ambroisie trifide ont été recensé en 2019/2020. Leur origine est encore méconnue pour l’agriculteur concerné mais cela ne l’a pas empêché de suivre nos recommandations de gestion et de mettre en place des cultures d’hiver qui permettent d’intervenir l’été aux moments clés du cycle de développement de l’Ambroisie. Ainsi, cette année, une féverole a été cultivée sur ces parcelles. C’était une bonne année pour cette culture mais elle n’a pas été suffisamment couvrante et des pieds d’Ambroisie trifide ont réussi à percer et continuer leur croissance (photo ci-dessous).

Néanmoins, la féverole a été récoltée avant floraison et grenaison de l’Ambroisie trifide, ce qui était le but rechercher. On constate ensuite que les Ambroisies ont été en partie détruites lors de cette récolte. Il faut savoir qu’elles vont développer de nouvelles tiges qui auront le temps de donner quelques fleurs puis quelques graines. C’est pourquoi, il faut sans tarder profiter de la disponibilité de la parcelle pour intervenir mécaniquement de préférence ou chimiquement.

Le déchaumage est ainsi prévu pour finir de détruire ces pieds d’Ambroisies émergés. Une surveillance jusque fin-Septembre est tout de même de rigueur pour éviter la sortie de nouveaux pieds qui pourraient parvenir à émettre quelques graines d’ici la fin de saison des Ambroisies (fin-Octobre).

Les agriculteurs présents étaient d’accords sur certains points :

• Ne plus mettre en place de cultures d’été (soja, tournesol surtout) sur leurs parcelles contaminées.
• Mettre en place une rotation avec des cultures d’automne (colza), d’hiver types céréales (blé, orge, avoine) ou légumineuses (pois, sainfoin, luzerne), ou de printemps (pois-chiche, lentilles) dont la récolte se fait fin-juillet avant les premiers pollens d’Ambroisies (~15 août).

L’agriculteur concerné par l’Ambroisie trifide à Réjaumont témoigne : « Terminé les cultures d’été, je vais enchainer les cultures d’hiver sur ces parcelles (blé, orge, avoine) en alternant ponctuellement avec une légumineuse pour gérer les autres adventices. Je ne compte pas revenir à des cultures d’été qui augmentent le risque d’Ambroisie ainsi que le temps de travail associé »

À Lectoure, quand on croit s’en être débarrassée… elle peut revenir de plus belle !

À Lectoure, nous nous sommes rendus sur les parcelles d’un agriculteur qui alterne des cultures d’hiver depuis 5/6 années après avoir constaté une première infestation. Malheureusement, avant cette gestion exemplaire, le mal avait été fait par des négligences d’entretien de cultures céréalières et l’Ambroisie à feuilles d’armoise – capable de produire jusque 3000 graines / pied – a pu s’implanter fortement dans cette parcelle. L’Ambroisie a dons attendu patiemment de bonnes conditions de germination dans le sol pour réapparaître (année 2023 chaude et humide), donnant l’impression à l’agriculteur qu’elle avait disparu de son champ.

Ainsi, il faut garder en tête que la lutte contre les Ambroisies est particulièrement longue. Il faut plusieurs années pour se défaire du stock de graines présent dans le sol, parfois caché par un labour ou une prairie permanente.

Les graines d’Ambroisies perdent très peu de leur faculté de germination avec le temps, même ensevelies sous terre, et peuvent germer après 10ans, voir 40 ans d’attente dans le sol. Elles sont par ailleurs capables de germer à partir de 10cm de profondeur pour l’Ambroisie à feuilles d’armoise, voire jusque 15/20cm pour l’Ambroisie trifide (Guillemin J-P, Chauvel B., 2011).

La lutte entrepris par l’agriculteur de Lectoure n’est donc pas inutile, ni vaine car depuis plusieurs années, il diminue le stock de graines d’Ambroisies de son champ avec des déchaumages estivaux répétés.

Et puis quoi pour la suite ?

En conclusion de ces différentes réunions, il nous est apparu vraiment essentiel de souligner l’importance d’une démarche collective dans la lutte contre les Ambroisies. En effet, lutter seul face à cette adventice paraît illusoire car ses graines n’attendent pas pour se faufiler d’une parcelle à une autre, au grès des machines ou inondations.

En réflexion et prochainement, une nouvelle réunion avec les partenaires du monde agricole Gersois pourrait se tenir hors saison pour rassembler agriculteurs, chambre d’agriculture, coopératives, conseillers, techniciens et entreprises agricoles pour présenter la situation tout en faisant remonter les besoins de chacun mais aussi proposer des pistes d’action afin d’organiser dès à présent la lutte contre les Ambroisies.

N’hésitez pas à revenir vers FREDON Occitanie ou le CPIE Pays Gersois pour en apprendre plus sur cette prochaine réunion.

N’oubliez pas nos ressources et celles de nos partenaires

• BSV Régional Grandes cultures
• La Volonté Paysanne de la Chambre d’agriculture du Gers
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• Notre photothèque pour savoir la reconnaître à différents stades
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• Nos guides et formation téléchargeables pour tous
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