Interview : Frédéric Launay, 20 ans d’action pour protéger les ressources en eau

Après 20 ans de carrière à l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse (délégation de Montpellier), Frédéric Launay change radicalement son projet de vie.  Quelques mois après son départ, nous revenons sur les temps forts de sa carrière administrative et gravons, ici, les bons conseils qu’il lègue aux acteurs engagés sur les territoires. Cette interview a été donnée à titre personnel et n’engage pas l’Agence de l’eau.

Ceux qui l’ont côtoyé le savent, les membres du Réseau Captages d’eauccitanie tout particulièrement : il a les pieds sur terre et une connaissance fine du terrain. Sa mission clé : réduire l’usage de produits phytosanitaires pour préserver les ressources en eau potable et protéger les milieux aquatiques. C’est l’enjeu de taille qui l’a poussé à accompagner des centaines d’acteurs locaux en tant qu’expert de la transition agroécologique et du développement des territoires.

Dans cet interview de 40 minutes, au fil d’une vingtaine de questions, Frédéric nous livre son avis personnel sur cette thématique complexe et la situation régionale. Il partage avec nous un peu de son vécu professionnel, riche en expériences.

Retrouvez cet interview sous forme de podcast (en 2 parties), intégralement transcrit . Vous pouvez également l’écouter question par question (voir ci-dessous).

Bon podcast !

Podcast – 1ère partie – questions 1 à 10

 

Podcast – 2nde partie – questions 11 à 20

 

Écouter question par question (enregistrements audio + transcription)

Q1. Frédéric, pourriez-vous nous rappeler vos missions et leurs évolutions au sein de l’Agence de l’eau ?

Q2. Frédéric, pourquoi est-il si important préserver nos ressources en eau potable ? S’agit-il un enjeu d’avenir ?

Q3. Etiez-vous déjà sensibilisé à cette problématique avant d’assumer vos missions à l’Agence de l’eau ?

Q4. En ce sens, pourrait-on dire que l’eau est un indicateur de l’équilibre, justement, du territoire ? Est-ce que, si on regarde une analyse de qualité de l’eau, ceci reflète quelque chose sur l’équilibre ou le bon fonctionnement du territoire, pour le dire ainsi ?

Q5. En dehors du cadre professionnel, quel est votre grain de sel quotidien à la démarche de protection des ressources en eau ? Comment contribuez-vous à préserver les ressources en eau ?

Q6. Est-ce que la qualité de l’eau, d’après vous, est un sujet qui préoccupe franchement les Français ?

Q7. Des acteurs locaux vous en avez suivi de centaines dans ces presque 20 ans de carrière. Des collectivités, des associations, des organisations professionnelles ou bien les agriculteurs individuels, entre autres.  Sentez-vous que les mentalités ont changé au sujet des pollutions de l’eau ? Qu’est-ce que vous, Frédéric, avez mis dans la balance pour tenter de faire les gens changer d’avis ?

Q8. Développement territorial et concertation locale autour de la problématique « qualité de l’eau » ont dû être très certainement deux aspects forts de votre mission. Dites-nous Frédéric, sur ce volet, quel a été votre apprentissage le plus marquant ?

Q9. Frédéric, de quel projet ou quelle l’action vous sentez-vous le plus fier, aujourd’hui ?

Q10. En parlant d’agriculture : changer ses pratiques agricoles ou sa stratégie de filière -pour une organisation de producteurs- ce n’est pas une mince affaire, surtout lorsque ceci affecte profondément son outil de production et son revenu. D’après vous, comment s’y prendre sans prendre trop de risques ?

Q11. Et puisqu’on parle de temps, d’après vous combien de temps cela peut prendre de changer ses pratiques agro-environnementales et d’avoir, en quelque sorte, un effet réel sur l’environnement ?

Q12.  Je me permets une question un peu plus controversée, Frédéric. Le principe pollueur-payeur est appliqué pour les pollutions chimiques de l’eau, notamment les pesticides. Je me réfère notamment aux taxes et redevances perçues par les Agences de l’eau. Certains défendent l’idée d’aller plus loin et de renforcer la sanction pécuniaire sur le monde agricole. Qu’en pensez-vous ?

Q13. Avec le recul et l’expérience, quels ont été les points forts de la politique « qualité de l’eau » au niveau national ou régional ? Disons, quels outils de politique publique et quelles actions locales ont eu, d’après vous, le plus d’effet sur l’abandon des pesticides ?

Q14. Malgré une prise de conscience généralisée de la population et une transition agroécologique franchement engagée, avec une croissance jamais vue de l’agriculture biologique, les chiffres montrent que l’usage de pesticides s’est accru ces dernières années et, par voie de conséquence, l’on continue de fermer des captages d’eau qui sont pollués. Le travail est donc loin d’être fini…. Avez-vous un conseil à donner à ceux qui continueront d’œuvrer pour la reconquête de la qualité des ressources en eau ?

Q15. Est-ce que travailler sur cette thématique « agriculture et eau » fut gratifiant pour vous ?

Q16. Qu’est ce qui est resté dans les tiroirs de « Frédéric Launay, le chargé de mission » ? Qu’auriez-vous souhaité faire de plus ? Avec, peut-être, un peu plus de temps ?

Q17. Sans indiscrétion, Frédéric, quels sont les projets pour la suite ? Aurez-vous l’occasion de recycler vos acquis et apprentissages ?

Q18. Les caves coopératives sont structurelles pour le territoire. Est-ce que vous serez amené à travailler en collectif là où vous partez vous installer ?

Q19. Enfin, sur un tout plus personnel, en dehors de l’agriculture et de l’eau qu’est-ce qui vous passionne, Frédéric ?

Q20. Avant de finir, avez-vous quelque chose à ajouter ?

 

Montpellier, le 25 juin 2019

Bonjour Frédéric Launay.

Bonjour.

Merci d’être avec nous ce matin.

Frédéric, pourriez-vous nous rappeler vos missions et leurs évolutions au sein de l’Agence de l’eau ?

 

Je suis arrivé lors de la création du poste « agriculture » à la délégation, au moment où la délégation territoriale de Montpellier assumait cette compétence. Auparavant, ces compétences étaient assurées au niveau du siège à Lyon, sur tout le territoire Rhône Méditerranée.  Ce poste visait à prendre en charge les différentes actualités en lien avec la relation agriculture-eau. Le poste a évolué en fonction de ces actualités.

Au tout début il y a eu les Opérations “MIEUX” : des opérations de lutte contre la pollution diffuse mais à des échelles très longues. Ça a duré de la fin des années 1990 jusqu’au milieu des années 2000. Puis, on a fait une étude évaluative qui a montré les limites de ce type de démarche et qui nous a conduit à nous orienter vers les acteurs locaux : les organisations de producteurs (OP), les coopératives, les collectivités. On a donc initié les actions intitulées « DEFI TERRITORIAL ». C’était une nouveauté du 8ème programme d’intervention, dans les années 2004-2005.

C’est à ce moment-là qu’on a commencé à travailler sur le thème de la pollution diffuse par les pesticides et que l’on s’est attaché à travailler avec les acteurs locaux : les coopératives, les organismes de défense et de gestion et les mairies. On s’est aussi intéressé, à ce moment-là, à des captages d’eau potable. C’était donc bien avant les démarches Zone Soumise à Contrainte Environnementale (ZSCE) et les captages Grenelle ou prioritaires.

En somme, le poste a vraiment évolué au fil de l’actualité. A partir de 2007, c’est devenu un poste d’expert en pilotage de politiques sur les captages prioritaires, un poste d’expertise agronomique. Ensuite, est arrivé le financement dans le cadre des Programmes de Développement Rural (PDR).

Le PDR, c’était en quelle année ?

L’Agence est intervenue dans le cadre du PDR hexagonal (PDRH) à partir de 2009. Puis, dans le cadre du PDR régional (PDRR) et ce jusqu’à présent.

Très bien. Vous avez également été référent captage prioritaire pendant un certain temps, n’est-ce pas ?

Oui, j’ai été référent captage prioritaire à partir de la publication du texte Zone Soumise à Contrainte Environnementale (ZSCE) en 2007, jusqu’en 2018.

Plus de 10 ans.

C’est ça.

 

Frédéric, pourquoi est-il si important préserver nos ressources en eau potable ? S’agit-il un enjeu d’avenir ?

 

C’est vraiment important et c’est un enjeu d’avenir, dans la mesure où les ressources concernées sont des ressources en eau locales.

Ça renvoie à la perception de chacun mais, pour moi, cela renvoie à la vie d’un territoire.

Le territoire est valorisé par des activités économiques, qui sont en lien avec les activités sociales. En ce sens, préserver l’environnement et les ressources en eau c’est quelque chose qui apparait comme logique.  Puis, ça renvoie à des équilibres de vie, des choix et des décisions à l’échelle des territoires qui sont importants et qui correspondent à des identités de territoire, quelque part.

Aussi et de façon très économique, valoriser des ressources en eau locales c’est aussi s’attacher à limiter les coûts de production de l’eau potable, ce qui parait normal.

 

Etiez-vous déjà sensibilisé à cette problématique avant d’assumer vos missions à l’Agence de l’eau ?

 

Je n’étais pas spécifiquement sensibilisé à la thématique « eau potable », non. J’ai, en fait, une formation agricole. Mais me suis toujours intéressé à la relation agriculture-environnement. C’est ma spécialité et c’est ce qui m’intéresse encore aujourd’hui.

L’alimentation en eau potable est un des aspects, auquel je n’avais pas spécialement réfléchi auparavant. C’est une thématique qui est à l’interface entre l’agriculture et l’environnement.

Donc non, je n’avais pas cette sensibilité. Mais ce qui m’a toujours intéressé et m’intéresse toujours aujourd’hui c’est la relation à l’animation des territoires.

J’en reviens à ma réponse de tout à l’heure. Ce sont les choix des décisionnaires et les équilibres locaux, la vie du territoire en somme qui constitue un des éléments d’intérêt des démarches « eau potable ».

 

En ce sens, pourrait-on dire que l’eau est un indicateur de l’équilibre, justement, du territoire ? Est-ce que, si on regarde une analyse de qualité de l’eau, ceci reflète quelque chose sur l’équilibre ou le bon fonctionnement du territoire, pour le dire ainsi ?

 

Je dirais que non, qu’il faut prendre un peu de hauteur. Déjà une analyse, ça n’indique pas grande chose.

Mais de fait, l’eau et les milieux aquatiques, leur fonctionnement et leur état de préservation sont effectivement un bon indicateur de la relation que l’homme entretient avec son environnement sur un territoire donné, y compris les agriculteurs.

Par exemple, on a des territoires où les zones humides sont préservées. Mais on a aussi des territoires où les chambres d’agriculture prônent le drainage de ces zones humides encore aujourd’hui, ce qui est complètement paradoxal…

 

En dehors du cadre professionnel, quel est votre grain de sel quotidien à la démarche de protection des ressources en eau ? Comment contribuez-vous à préserver les ressources en eau ?

 

Ça relève de mes comportements citoyens ! Forcément, je suis conditionné sur la gestion de la ressource et, plus globalement, sur les gestes du quotidien qui ont un impact sur l’environnement, dont la gestion des déchets.

Oui, dans mes gestes du quotidien je fais particulièrement attention à la gestion de l’eau. Je réalise même un suivi très précis de mes consommations d’eau. Ce n’est pas bon d’avoir une adolescente à la maison !

Mes enfants sont très sensibilisés. Ma fille est actuellement aux Etats-Unis. Arrivée là-bas, sa 1ere réflexion a été de se dire que ça ne servait à rien que l’on s’attache à lutter contre le changement climatique ou contre les pollutions, vu le comportement des américains !

Aussi, je soutiens vraiment l’agriculture locale par mes actes d’achat, ainsi que l’agriculture biologique.

 

Est-ce que la qualité de l’eau, d’après vous, est un sujet qui préoccupe franchement les Français ?

 

Oui, la qualité de l’eau et de l’environnement est une grande préoccupation des citoyens, c’est un constat que l’on peut faire. J’ai envie de dire « jusqu’à l’excès » dans une certaine mesure car – et c’est là mon côté agricole qui ressort – sur la base d’un défaut de communication on en arrive à voir des comportements qui impactent vraiment les agriculteurs.

J’ai en tête une discussion que j’ai eu avec un arboriculteur biologique, qui se fait menacer et klaxonner quand il traite [ses parcelles]. Vraiment, il y a des défauts de communication. Ceci prouve également l’intérêt que les citoyens portent sur la qualité de leur alimentation, la préservation de l’eau et de l’environnement. Mais ça prouve aussi qu’il y a un besoin de la part du monde agricole de communiquer.

De rassurer la population locale, en somme.

Oui. Mais, bien sûr, l’agriculture doit aussi s’attacher à progresser. Tout n’est pas blanc et tout n’est pas noir…

 

Des acteurs locaux vous en avez suivi de centaines dans ces presque 20 ans de carrière. Des collectivités, des associations, des organisations professionnelles ou bien les agriculteurs individuels, entre autres.  Sentez-vous que les mentalités ont changé au sujet des pollutions de l’eau ? Qu’est-ce que vous, Frédéric, avez mis dans la balance pour tenter de faire les gens changer d’avis ?

 

Je pense effectivement que les mentalités ont changé au sujet des pollutions de l’eau. Et heureusement !  Ça fait plus de 10 ans que l’on y travaille et je dis on collectivement – avec un réseau important d’acteur de la région – sur la préservation de la ressource en eau. Avec une très forte présence humaine, de l’animation et de la concertation. Evidemment, ça a porté ses fruits. Il y a eu une évolution des mentalités et des savoirs faire ainsi que de très nombreux projets.

Il y a 10 ans, on ne savait pas lutter contre la pollution diffuse. On ne connaissait même pas l’argumentation que l’on pouvait développer pour convaincre des agriculteurs ou des élus de collectivité pour s’engager sur ce type de projet.

Notre première démarche a été de convaincre les élus. Ne serait-ce que créer des postes d’animation au sein des collectivités, fut une étape très importante. Mais cette étape est déjà loin. Il y a eu une vraie évolution dans les mentalités et dans les savoir-faire.

Chez les agriculteurs aussi, il y a une évolution dans les dans les mentalités. Les gens à qui je m’adresse, qui ne sont peut-être pas un échantillon représentatif, ont développé une sensibilité. Ils sont très conscients de l’impact de leurs gestes et de leurs actions sur leur environnement et les ressources en eau.

C’est vrai qu’aujourd’hui, aussi, il y a une demande très importante des acheteurs et du marché, surtout depuis de 3 ans. Maintenant, on est dans une dynamique de fond. Les acteurs agricoles, soit par motivation personnelle soit par intérêt compte tenu de la demande des acheteurs, développent des pratiques visant à limiter les impacts de leurs activités sur l’environnement et les ressources en eau.

Et au sujet de l’évolution des mentalités, notamment chez le monde agricole,

il est vrai que s’attacher à aborder le sujet de manière positive, non pas en parlant de pollution mais en parlant de “projet”, permet d’entamer une relation de construction et non pas de jugement.

C’est une base évidente d’échange, pour moi, que l’on doit respecter lorsque l’on s’adresse au monde agricole.

Et en réponse à la 2ème question, l’important c’est de respecter la cohérence des choix des agriculteurs et s’attacher à les faire évoluer sans revenir où s’arrêter sur la notion de pollution. Il faut donc parler de projets plutôt que de pollution.

Vous parlez d’argumentation. On met souvent en contradiction l’’argument “santé” et l’argument “environnement”. Est-ce qu’il faut utiliser davantage un argument plutôt que l’autre ?

Cela renvoie à la sensibilité de chacun. En Languedoc-Roussillon il y a des projets – plus qu’on ne le croit – dont l’émergence a été facilitée pour des questions de santé. Tout de suite, ça touche les hommes et les femmes en tant qu’individu. Ce sont donc deux entrées complémentaires.

 

Développement territorial et concertation locale autour de la problématique « qualité de l’eau » ont dû être très certainement deux aspects forts de votre mission. Dites-nous Frédéric, sur ce volet, quel a été votre apprentissage le plus marquant ?  

 

La concertation locale, ça renvoie ce que je disais tout à l’heure.  Ce n’est pas quelque chose que l’on fait spontanément : ça demande de la disponibilité, des moyens d’animation, du temps et du savoir-faire en termes d’organisation. Il y a un certain nombre de préalables à respecter, ce n’est pas quelque chose qui s’improvise !

Dans mon parcours, je suis retourné à l’école en tant qu’adulte pour suivre une spécialité du diplôme d’Ingénieur de SupAgro, au sein de la spécialité Territoires et Ressources Politiques Publiques et Acteurs (TERPPA).

C’est à ce moment-là que j’ai découvert ces notions. J’ai pris conscience de l’intérêt de construire un certain nombre de protocoles et un format projet pour avoir la capacité d’organiser une concertation.

Pour préparer le terrain au changement, en fait.

Tout à fait. J’ai progressé à ce moment-là. Le développement territorial en revanche, c’est plus dans mes cordes dans la mesure où je possède cette sensibilité personnelle, qui a été renforcée par ce temps de retour à l’école.

C’est super que vous vous soyez formé en tant qu’adulte. Ça a dû vous ouvrir un nouveau prisme.

Oui, ce fut vraiment intéressant. C’est à ce moment-là que je me suis penché sur la formation pour adultes et j’ai fait mon retour à l’école. C’est une expérience que j’ai reproduite par la suite puisque je suis retourné sur les bancs de l’école à SupAgro pour suivre des modules de la spécialité viticulture-œnologie, il y a 2 ou 3 ans.  J’ai donc suivi un module qui a été validant et l’autre non.

 

Frédéric, de quel projet ou quelle l’action vous sentez-vous le plus fier, aujourd’hui ?

 

Ce n’est pas facile, parce qu’il y en a eu beaucoup !

Aujourd’hui nous accompagnons, à l’Agence de l’eau, quasiment une cinquantaine de projets portés par les organisations de producteurs. Une dizaine en cours d’émergence, immédiatement. Il y a aussi tous les projets portés par les collectivités sur les captages [prioritaires] puis les projets portés par les chambres d’agriculture. En fait, une partie de mon travail consiste à animer les partenariats avec les chambres d’agriculture avec lesquelles il y a des contrats, dans chaque département.

[Pour commencer] je vais citer un projet qui me tient à cœur. Mais lequel vais-je citer en premier ? Bon, disons que je vais en citer trois.

En 2019 et 2018, on a initié quelque chose d’intéressant vis-à-vis des plantations de haies sur les [aires d’alimentation de] captages prioritaires et par les agriculteurs.

Pourriez-vous juste nous rappeler le but de planter des haies ?

Planter des haies, ce n’est pas tout à fait naturel. Et ce n’est pas la tradition en Languedoc Roussillon. Pourtant, les haies font partie du paysage : il existe une sorte de maille – sans parler toutefois de maille bocagère – qui structure le paysage traditionnel languedocien avec des murets, des terrasses, des bancèls et parfois des haies ou des bosquets. Tout cela a du sens.

Les haies sont à la croisée entre plusieurs enjeux et objectifs. Ils contribuent par exemple, à lutter contre les transferts de pollution par les ruissellements, limitant le transfert des pesticides en retenant les flux d’eau le plus possible en amont du bassin versant. Il s’agit donc de limiter les forces érosives du ruissellement.

Un autre exemple d’enjeu [auquel les haies contribuent] c’est la biodiversité. Les haies sont des corridors écologiques qui ont une fonction d’écotone entre les bosquets.

Il y a aussi une relation au changement climatique à travers les [fonctions d’] ombrières, qui limitent l’évapotranspiration et ont un effet brise vent.

Puis, les haies produisent du bois et des fruits, ce qui est très historique et traditionnel dans le système agricole local.

C’est un aspect sur lequel on a bien progressé en 2018 et surtout 2019. L’Agence de l’eau va financer quasiment une dizaine de kilomètres cette année, d’abord dans l’Aude puis dans l’Hérault. J’espère bien que c’est quelque chose qui se développera dans les Pyrénées-Orientales et dans le Gard plus tard. Je sais qu’il y a des agriculteurs qui sont intéressés.

C’est un projet dont je suis assez fier, même si je n’ai pas fait grand-chose pour ça ! Mais nous pouvons collectivement être assez fiers d’avoir réussi à mettre un pied dans ce sujet et j’espère que ça va se développer.

Puis ce sont des moments intéressants, les inaugurations de plantation de haie. J’ai l’impression que sont des moments conviviaux et enrichissants pour les acteurs locaux.

Oui. Dès que l’on met en lumière des initiatives locales c’est intéressant, puisque l’on découvre la réflexion individuelle et les stratégies collectives développées. Puis ça nous renvoie nous à notre capacité à communiquer. Souvent, nous ne sommes pas très forts sur la communication.

Le 2ème projet que je citerais ce sont les zones humides. En Languedoc-Roussillon il y a beaucoup de zones humides qui sont plus ou moins entretenues par le pâturage. Prendre un peu de recul [et s’attacher à] la gestion des zones humides par le pâturage, c’est mieux valoriser et gérer ces espaces.

On l’a fait récemment sur les Prades dans les Pyrénées-Orientales. C’est très satisfaisant de réussir à [travailler sur cette thématique] puisqu’on est sur du gagnant-gagnant, très facile de mettre en place. Encore faut-il le faire !

Le 3ème projet est bien sûr en relation avec la vigne, puisque c’est l’essentiel de mon activité à l’Agence de l’eau. Je pourrais citer un des projets portés par les organisations de producteurs.

En fait, je ne vais pas identifier de projet. J’aimerais juste mettre en évidence le fait que

des organisations de producteurs d’envergure régionale sont vraiment engagées et actrices de la préservation de l’environnement et de la ressource en eau. C’est le cas, par exemple, de l’AOC Languedoc ou du groupement Val d’Orbieu.

Est-ce autant le fruit du travail des partenaires de la politique régionale, que de la tendance nationale du marché ?

Oui, c’est un peu des deux. C’est à la fois la sensibilité des personnes qui décident et le fait d’une demande et d’une orientation du marché qui est de plus en plus forte.  Aussi, l’Agence de l’eau intervient comme facilitatrice en apportant du savoir-faire, de la méthode, des financements. Notre rôle est celui-là : faciliter l’émergence et la conduite des projets.

Vous pouvez être fier de ces actions !

Merci.

 

En parlant d’agriculture : changer ses pratiques agricoles ou sa stratégie de filière -pour une organisation de producteurs- ce n’est pas une mince affaire, surtout lorsque ceci affecte profondément son outil de production et son revenu. D’après vous, comment s’y prendre sans prendre trop de risques ?

 

Il y a une chose qui est évidente, c’est un constat que l’on ne peut que partager :  l’importance de la progressivité.

On ne peut pas demander à une entreprise agricole de changer du tout au tout, brutalement. Il faut respecter la progressivité. La première étape consiste à engager une expérimentation, pour donner la latitude à chacun de progresser, de découvrir ou de tester sur son exploitation, à l’échelle qui lui convient.

C’est un peu ce que l’on a fait avec les mesures agro-environnementales et climatiques (MAEC) où l’on a beaucoup insisté sur une MAE qui vise à ne plus désherber chimiquement l’inter-rang. On a demandé aux agriculteurs qui prétendaient souscrire à cette MAE qu’ils développent également, sur une fraction de leur parcellaire, une MAE qui vise à ne plus utiliser du tout d’herbicides.

Faire du zéro-herbicide, donc.

Oui. C’était très ambitieux comme affichage. Les agriculteurs ont joué le jeu progressivement, [pour aboutir à] un vrai succès que l’on constate maintenant à l’issue de la dernière année de contractualisation des MAEC, en 2019.

C’est très intéressant d’avoir procédé de cette manière. Cela a conduit les agriculteurs à tester et expérimenter sur leurs exploitations, puis tirer des conclusions par eux-mêmes pour évoluer dans leur projet. Aujourd’hui, on se rend compte qu’il y a une vraie évolution vers le moindre emploi, voire le zéro-herbicide.

Commencer petit, pour vérifier la faisabilité de cette pratique.

Tout à fait, se convaincre soi-même et regarder ce que fait le voisin. En fait, il faut que l’on s’attache à ce qu’il y ait de l’animation individuelle et collective, c’est le seul préalable à respecter. A partir de là, on sait que les agriculteurs évoluent dans l’ambition de leurs pratiques.

Progressivité donc – se donner le temps – et accompagnement, un préalable.

 

Et puisqu’on parle de temps, d’après vous combien de temps cela peut prendre de changer ses pratiques agro-environnementales et d’avoir, en quelque sorte, un effet réel sur l’environnement ?  

 

Il y a deux choses dans cette question. Pour changer de pratiques, ça dépend des aléas. Il peut y avoir beaucoup d’aléas qui nuisent au bon déroulement du projet. Les aléas climatiques, par exemple, comme le mildiou de l’an dernier ou le black-rot que l’on peut rencontrer dans le Gard et dans l’Hérault. Ça dépend aussi de l’animation, bien sûr. Il y a plein d’aléas humains, économiques…

Je dirais que 5 années d’animation et d’accompagnement technique des agriculteurs, individuel et collectif, marquent vraiment le système d’exploitation. Les pratiques auront largement évolué en 5 années.

Au sujet de la 2ème question (effet réel sur l’environnement), il est moins facile de répondre.

L’efficacité sur les captages [in fine reconquérir la qualité de la ressource en eau puisée au captage, NDLR] renvoie à la représentativité du projet agricole local que l’on accompagne mais aussi au fonctionnement hydrogéologique de la ressource. C’est donc très variable.

Sur des ressources peu profondes, comme on en a généralement en Languedoc-Roussillon – on peut avoir une bonne réactivité et des résultats assez rapides. Tout dépend donc du contexte agricole et hydrogéologique.

D’où l’importance d’avoir un diagnostic initial pour savoir où est-ce que l’on met les pieds et du coup définir un projet en cohérence. Et c’est bien ce que l’on fait : c’est la base de la méthode Zone Soumise à Contrainte Environnementale (ZSCE).

 

Je me permets une question un peu plus controversée, Frédéric. Le principe pollueur-payeur est appliqué pour les pollutions chimiques de l’eau, notamment les pesticides. Je me réfère notamment aux taxes et redevances perçues par les Agences de l’eau. Certains défendent l’idée d’aller plus loin et de renforcer la sanction pécuniaire sur le monde agricole. Qu’en pensez-vous ?

 

Je vais donc m’exprimer à titre personnel. Globalement sur cette interview, il convient de dire que je m’exprime plutôt à titre personnel.

En fait, la taxe à laquelle fait allusion cette question c’est la redevance pollution diffuse (RPD) qui est perçue auprès des distributeurs de produits phytosanitaires et payée, en fin de compte, par les agriculteurs.

Je pense que [la sanction pécuniaire] est un aspect du sujet.

Pour faire évoluer les agriculteurs, il y a plusieurs éléments de réponse qui sont complémentaires : c’est effectivement, pourquoi pas, la redevance pour pollution diffuse. Mais c’est surtout la capacité à accompagner les projets de l’agriculteur et sa relation à la réalité de marché qui porte [des changements de pratiques].

A mon avis, plus que la redevance pollution diffuse.

La réglementation aussi, bien évidemment : interdire telle ou telle substance active a un impact sur le fait de retrouver de moins en moins de matières actives dans l’eau mais à des concentrations de plus en plus élevées.

En somme, non. Je ne pense pas que renforcer la sanction pécuniaire porte beaucoup d’intérêt. Ce n’est pas un élément de solution, à mon avis.

Si ce n’est, comment dire, de dégager des fonds de financement pour des politiques publiques.

Oui. Ça renvoie au débat sur la prégnance de la représentativité des redevances payées par les agriculteurs au sein du budget des Agences de l’eau. C’est un sujet qui me dépasse et nous échappe.

En somme non, je ne pense pas que ce soit une réponse à privilégier aujourd’hui. L’on a plus intérêt, au niveau des politiques publiques, à soutenir une politique autour de la qualité de l’alimentation et la relation aux grandes et moyennes surfaces (GMS).

Note de la rédactrice : Au 11ème programme (2019-2022), les collectivités et les usagers domestiques contribuent pour 86% au budget de l’Agence de l’eau, les agriculteurs à hauteur de 4%.

Avec le recul et l’expérience, quels ont été les points forts de la politique « qualité de l’eau » au niveau national ou régional ? Disons, quels outils de politique publique et quelles actions locales ont eu, d’après vous, le plus d’effet sur l’abandon des pesticides ?

 

Ce que l’on peut valoriser, pour commencer, c’est tout ce qui a trait aux usages non agricoles.

On a développé une méthode à l’échelle régionale, les fameux « plan d’amélioration des pratiques phytosanitaires et horticoles » (PAPPH). Ce faisant, nous avons accompagné de plus en plus de collectivités dans leur prise du recul sur l’usage des produits phytopharmaceutiques. Et nous nous sommes attachés à stratégiser l’abandon de l’usage des produits phytopharmaceutiques par les collectivités. A mon avis, cette action a porté [ses fruits]. On aurait pu espérer que ça porte davantage, notamment vis-à-vis des particuliers. Mais la formation et la sensibilisation des particuliers c’est toujours compliqué. Maintenant, c’est devenu règlementaire.

Effectivement, la démarche pro-active et volontariste a porté ses fruits et un savoir-faire. Elle a permis aux collectivités de ne pas subir pleinement l’interdiction de l’usage de produits phytopharmaceutiques. Idem pour les particuliers.

Vis-à-vis de l’usage agricole, ce qui a bien fonctionné au niveau régional c’est l’organisation d’un réseau d’acteurs de l’eau qui s’est attaché à concerter et à faire émerger des projets. Ceci a permis de dépasser les a priori, d’investir les réseaux d’acteurs et de mieux se connaitre entre acteurs de l’eau et acteurs de l’agriculture, globalement. Et d’établir par ce biais des relations constructives porteuses de projets.

Un axe de la politique d’intervention de l’Agence de l’eau a consisté à développer des postes et des compétences agricoles au sein des structures de bassin versant et des collectivités gestionnaires de captages prioritaires.

Le travailler ensemble, en fait.

Ce n’est pas quelque chose qui s’improvise !

 

Malgré une prise de conscience généralisée de la population et une transition agroécologique franchement engagée, avec une croissance jamais vue de l’agriculture biologique, les chiffres montrent que l’usage de pesticides s’est accru ces dernières années et, par voie de conséquence, l’on continue de fermer des captages d’eau qui sont pollués. Le travail est donc loin d’être fini…. Avez-vous un conseil à donner à ceux qui continueront d’œuvrer pour la reconquête de la qualité des ressources en eau ?

 

Les chiffres sont bien sûr à prendre avec précaution.

De fait, les chiffres avancés indiquent que l’usage de produits phytopharmaceutiques est accru. Il s’agit de volumes. Souvent, quand on parle d’usage de phytopharmaceutiques, on s’exprime en volume vendu, des tonnes de substance active. Alors que l’on sait pertinemment qu’un agriculteur biologique utilise plus de produits phytopharmaceutiques, en tonnes, que lorsqu’il était conventionnel.

Vous vous referrez au cuivre, en fait ?

Tout à fait, mais pas seulement. A mon avis, il faut prendre ces chiffres avec prudence et les relativiser.

En termes de conseil, je peux redire l’intérêt de maintenir [active] cette relation avec le monde agricole. C’est l’importance de s’écouter et de travailler ensemble.

L’agriculture est face à des enjeux [de taille]. Dans l’immédiat, l’enjeu de renouvellement de la population agricole, notamment. 30% des agriculteurs partent à la retraite d’ici 18 à 24 mois. C’est immédiat, la question se pose maintenant !

Puis il y a la relation [des agriculteurs] aux citoyens et à la société, cette question de l’image de l’agriculture. Il y a quelque chose à construire en termes de communication. Une vraie stratégie à développer. La place de l’environnement est liée à ce 2ème sujet, [la relation de l’agriculture à la société], c’est une demande sociétale.

Ce sont deux enjeux immédiats que l’agriculture doit relever.

Le contexte peut être favorable, mais le départ des agriculteurs à la retraite c’est un sujet à part entière. Surtout en Languedoc Roussillon où existent des outils coopératifs qui doivent maintenir une surface d’amortissement minimal.  Des questions de fond se posent à très court terme.

En somme,

si j’ai un conseil à donner aux acteurs de l’eau ce serait de s’appuyer sur ce contexte mouvant qui est celui des acteurs agricoles, pour organiser au mieux des postures gagnant-gagnant, des postures projet qui permettent vraiment aux structures agricoles de s’engager sur la protection de la ressource en eau mais également de satisfaire les besoins propres de cette phase d’amortissement et de renouvellement des populations.

Sans parler du changement climatique !

A ne jamais oublier, ce changement climatique !

Et on ne peut pas y répondre que par le développement de l’irrigation ! Il faut une approche un peu plus complète.

 

Est-ce que travailler sur cette thématique « agriculture et eau » fut gratifiant pour vous ?

 

Oui. J’ai une formation agricole et j’ai obtenu tous les diplômes agricoles : BTA, BTS et un diplôme d’ingénieur. Ma motivation a toujours été de travailler sur l’interface agriculture-environnement.  Travailler sur la thématique de préservation des ressources en eau et des milieux aquatiques fut vraiment intéressant. En fait, je me suis toujours vu comme un acteur agricole, avant d’être un acteur de l’environnement à l’Agence de l’eau. Oui, je me suis toujours attaché à ça et je pense que j’ai eu raison.

Rester en lien avec les dynamiques agricoles permet de ne pas perdre le fil et de rester connecté aux réalités qui sont celles de l’Agence de l’eau, en fin de compte, relatives aux produits phytosanitaires, aux nitrates et à l’irrigation.

Oui, ce fut très valorisant de travailler avec les personnes qui interviennent sur les projets captages et avec les agriculteurs.

 

Qu’est ce qui est resté dans les tiroirs de « Frédéric Launay, le chargé de mission » ? Qu’auriez-vous souhaité faire de plus ? Avec, peut-être, un peu plus de temps ?  

 

On peut toujours faire plus!

Avoir fini sur cette note sympa autour de la plantation de haies fut relativement satisfaisant.

Un sujet sur lequel j’ai des regrets, c’est de travailler sur les transferts de pollution. Jusqu’à présent, on a travaillé sur la limitation de la pression polluante avec beaucoup de résultats assez généralisés sur la région. Mais nous n’avons pas beaucoup travaillé sur les transferts superficiels par ruissellement, alors que c’est assez facile à faire.

Hormis les haies, quelle autre solution pour limiter les transferts de pollution ?

Pour limiter les transferts de pollution [on peut] travailler sur la gestion des fossés.

Tout d’abord, s’attacher à ne pas les désherber, à respecter les bourrelles qui les entourent et respecter l’enherbement des zones tampons, le longs les fossés.

Ensuite, [travailler sur] le profil même des fossés : gérer la matière organique qui se trouve au fond. C’est un véritable enjeu car cette matière organique est un catalyseur de la dégradation [qui accroit] la capacité épuratoire du milieu et diminue la pollution.

Il y a des études qui ont été conduites sur ce sujet, avec beaucoup de démonstrations. C’est un sujet sur lequel on n’a pas suffisamment travaillé alors que c’est a priori simple à faire. C’est mécanique.

Et, surtout, il n’y a pas d’impact par emprise sur les systèmes agricoles. C’est juste de la gestion et beaucoup de concertation également. Les fossés sont au cœur de sensibilités autour des inondations, de l’écoulement rapide de l’eau, de la protection de systèmes agricoles.

Les fossés sont donc beaucoup plus importants que ce que l’on le croit !

Effectivement! Il y a un grand travail de concertation et de collaboration locale à construire, mais ce n’est pas si compliqué en fin de compte.  Globalement, c’est la gestion de ce que l’on pourrait appeler « un maillage » afin d’aménager le bassin versant agricole et développer une multitude de petites solutions locales pour maintenir l’eau le plus tôt possible en amont du bassin versant.

[La gestion des fossés] est liée à la [lutte contre la] pollution diffuse mais également le changement climatique, qui s’exprime par des aléas climatiques brutaux.  De fait,

travailler sur cette multitude de petites solutions à mettre en place le plus en amont possible du bassin versant c’est aussi protéger et préserver les systèmes agricoles locaux. En somme, c’est renforcer la résilience des systèmes agricoles.

Bien sûr, il faudrait mettre des mots et être beaucoup plus concret. Mais je pense que l’idée générale se défend.

Bien sûr, puis cette idée permet de rejoindre les enjeux qualitatifs et quantitatifs de l’eau.

Tout à fait, c’est un vrai sujet ! Enfin, l’intégration de l’agriculture dans son territoire a toujours été un vrai sujet.

 

Sans indiscrétion, Frédéric, quels sont les projets pour la suite ? Aurez-vous l’occasion de recycler vos acquis et apprentissages ?

 

J’intègre le GAEC familial, je vais donc être agriculteur prochainement. Je m’installe sur la conversion de l’exploitation à l’agriculture biologique.

J’y pense depuis longtemps, ça a toujours été dans un coin de ma tête. Maintenant, c’est le bon moment. Je touche du doigt toutes les questions qui se posent au moment de préparer une conversion à l’agriculture biologique. C’est excitant !

J’espère bien être en capacité de participer à des projets de territoire. C’est ce qui m’intéresse en tant qu’agriculteur : m’attacher à la qualité de vie au sein du territoire, créer de l’activité économique en cohérence avec les enjeux environnementaux, valoriser les hommes et le lien entre les hommes et le territoire. Ce sont des aspects sur lesquels il me plait d’intervenir maintenant.

C’est presque l’aboutissement d’une carrière administrative…

Je ne sais pas si on peut dire ça, mais c’est en tout cas une 2ème page. Il y a une cohérence car c’est complémentaire. En fait, je n’ai jamais pensé rester 20 ans à l’Agence de l’eau. [Au début quand] je suis arrivé, j’ai été conseiller agricole pendant 3 ou 4 ans. Ce fut très satisfaisant, j’étais content d’entrer à l’Agence de l’eau.  Et puis, on a fait tellement de choses avec l’équipe… Mais je n’ai jamais pensé rester aussi longtemps dans une administration et je ne me suis jamais pensé comme un fonctionnaire ou un homme de bureau. Je pense que c’est le moment de tourner la page et d’agir à mon niveau.

 

Les caves coopératives sont structurelles pour le territoire. Est-ce que vous serez amené à travailler en collectif là où vous partez vous installer ? 

 

Oui. Il y a un réseau de CUMA qui est assez dense et des organisations de producteurs aussi. Mais ce n’est pas, du tout, les mêmes échelles et fonctionnements qu’en Languedoc Roussillon.

 

Enfin, sur un tout plus personnel, en dehors de l’agriculture et de l’eau qu’est-ce qui vous passionne, Frédéric ?

 

Ma famille, mes enfants et le sport. J’aime bien le sport nature, qui me permet à la fois de faire du sport -car j’en ai toujours besoin- mais aussi de passer du temps au plus profond de la nature. Et en Languedoc, pour ça, on est gâté !

Ah ça oui, on a de beaux paysages !

 

Avant de finir, avez-vous quelque chose à ajouter ?

 

J’aimerais saluer les animateurs et les personnes qui interviennent sur les captages. J’aurais pu aussi en parler, sur les projets dont je suis particulièrement fier. Je suis intervenu en tant qu’animateur du projet régional captages depuis son début. La première étape fut de monter des fiches de poste, réfléchir à ce que l’on pourrait faire faire à des animateurs. Et puis, [il a fallu] convaincre les collectivités de recruter des ingénieurs, ce n’était pas facile !

On a commencé avec deux animatrices, une à Paulhan et une à Murviel, Jenifer et Lucile, et Yannis qui était déjà là. C’était vraiment le tout début, on était 4 autour de la table. Aujourd’hui, vous êtes combien ?

On est 40.

Bien voilà. Ce furent vraiment des moments sympathiques. On a tout fait ensemble. L’Agence de l’eau ne fait rien sans les acteurs locaux et, en même temps, l’Agence de l’eau est là pour faciliter la réalisation de projets, orienter les outils financiers à disposition.

Donc, si j’ai quelque chose à ajouter c’est un salut amical à tout le monde du réseau d’animateurs !

C’est une belle note pour finir.

Frédéric, merci beaucoup pour le temps que vous avez pris pour échanger avec le réseau et partager votre savoir-faire et votre savoir-être.

C’est un peu toujours le même message en fin de compte [que j’ai à nouveau transmis ici, en en toute] raison et humilité.

Au nom du réseau Captages d’eauccitanie et de tous ses partenaires, nous vous souhaitons une excellente continuation !

 

Propos recueillis par Ira Helal de la FREDON Occitanie, en qualité d’animatrice régionale Captages d’eauccitanie

Crédit photo : FNE Languedoc-Roussillon

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