L’ambroisie, une adventice à garder dans le viseur pour les agriculteurs !

Comment lutter contre cette plante envahissante et allergène… tout en préservant l’environnement ?

 

La réduction des pollutions diffuses liée à la gestion des adventices est un axe de travail majeur des démarches de protection de la qualité de l’eau sur les aires d’alimentation de captages. La palette des outils mobilisables par les agriculteurs est variée, allant des opérations de désherbage mécanique au maintien de couverts végétaux. Xanthium, datura, ambroisies… certaines adventices sont particulièrement envahissantes, avec d’importantes conséquences !

Focus aujourd’hui sur les ambroisies et les modes de gestion existants.

 

 

L’ambroisie ou les ambroisies ?

Si dans le langage courant nous avons tendance à évoquer « l’ambroisie », c’est bel et bien « des ambroisies » que nous devrions parler !

Elles sont 3 à avoir été identifiées en Occitanie :

    • Ambroisie à feuilles d’armoise (Ambrosia artemisiifolia L.)
    • Ambroisie trifide (Ambrosia trifida L.)
    • Ambroisie à épis lisses (Ambrosia psilostachva DC.)

Toutes trois sont extrêmement envahissantes et présentent un caractère allergène au moment de leur floraison (pollens), engendrant un problème majeur de santé publique.

Gare donc aux ambroisies, qui gagnent rapidement du terrain en région Occitanie.

Impuretés dans les semences, intervention d’engins agricoles non nettoyés, transport de graines par déplacement de terre ou cours d’eau… les causes de sa dissémination sont nombreuses et obligent à une vigilance collective !

Pour l’heure, leur répartition en région varie, et de nombreux foyers sont d’ores-et-déjà identifiés un peu partout sur le territoire : Gard, Haute-Garonne, nord de l’Ariège, nord Tarn-et-Garonne et sud Lot, nord Gers, ouest Audois…

Selon les observations et signalements, les cartes sont régulièrement mises à jour et consultables ici.

Exemple de carte avec localisation par commune (Ambrosia artemisiifolia L.)

 

Une obligation de lutte sur la majorité du territoire régional

Des pollens à pouvoir allergène très élevé (avec environ 15% de la population sensible : rhinite, conjonctivite, asthme, eczéma..), de forts impacts sur la biodiversité, des plantes invasives à fort pouvoir de dispersion, avec une colonisation rapide des milieux ouverts et des milieux agricoles propices, une viabilité des graines bien supérieure à 10 ans dans le sol, et des cas de résistance aux herbicides… les raisons de lutter contre les ambroisies ne manquent pas !

C’est même une obligation dans la plupart des départements de la région :

Compte-tenu des enjeux, un arrêté national du Ministère de la Santé, puis des arrêtés préfectoraux ont déjà été pris dans plusieurs départements de la région, obligeant les gestionnaires et exploitants agricoles à prévenir la pousse des plants d’ambroisies, et à détruire les plants avant leur floraison et leur grenaison. A l’horizon 2023, tous les départements d’Occitanie auront leur arrêté.

Prendre connaissance de l’arrêté préfectoral de votre département, et de son plan de lutte l’accompagnant ici.

De plus, des arrêtés départementaux fixent les règles relatives aux bonnes pratiques de gestion, notamment l’obligation de destruction des populations d’ambroisies dans les bandes tampons.

/!\ En cas d’obligation de destruction de parcelle due à une trop forte présence d’ambroisies, il est possible pour un exploitant de conserver les aides PAC en déclarant un accident de culture (consultez votre conseiller référent ou la DDT pour plus de renseignements).

 

Quand la concurrence avec les cultures fait rage !

La concurrence des ambroisies avec les cultures, en milieu agricole, est une difficulté majeure avec laquelle les agriculteurs concernés doivent conjuguer. Plantes pionnières de printemps à forte capacité de multiplication et de survie, elles ont des impacts sur tous types de cultures.

Parcelle agricole infectée dans le Gers

EN GRANDES CULTURES

Dans les grandes cultures de par leur cycle biologique, les ambroisies trouvent des conditions privilégiées au sein des cultures de printemps, en particulier dans le tournesol, le soja, le maïs, le sorgho et même le pois de printemps.

Mais elles peuvent également se développer après la récolte d’une culture d’hiver. En effet, les jeunes ambroisies levées ne subissent plus la compétition de la culture et ont accès à la lumière et aux ressources hydriques et minérales. Elles peuvent donc se développer rapidement dans les chaumes de blé par exemple.

EN PRAIRIES ET JACHERES

On peut aussi observer la présence d’ambroisies sur des prairies en phase d’installation, des surfaces en gel, des jachères.

EN VIGNOBLES, VERGERS, ZONES MARAÎCHERES

Même si les cas de colonisation sont moins fréquents, les cultures pérennes (vignes, vergers) et maraîchères sont également concernées.

EN BORDS DE CHAMPS…

Enfin, les bordures de champs (talus, bandes enherbées …) ainsi que les premiers rangs des cultures, où la végétation est moins dense, sont des zones particulièrement propices à l’installation des ambroisies.

Ce sont souvent des zones de démarrage de contamination des parcelles.

 

En raison de leur potentiel de dissémination énorme, la présence d’ambroisies dans les parcelles agricoles peut entraîner :
    1. une perte partielle ou totale de rendement,
    2. des charges supplémentaires de désherbage et de travail du sol,
    3. une gestion à long terme d’un stock semencier important ayant une dormance supérieure à 10 ans,
    4. un déclassement de la récolte ou une réfaction du prix,
    5. une dépréciation de la valeur des terres agricoles.
FOCUS SUR L’AMBROISIE TRIFIDE

Parcelle infectée d’ambroisie trifide en Ariège (09)

Une attention particulière doit être portée à l’ambroisie trifide afin d’éviter qu’elle ne se propage autant que l’ambroisie à feuilles d’armoise, car elle représente un problème agricole majeur dans sa zone d’origine en raison de sa très grande taille et de sa capacité de régénération.

Elle est présente, pour l’instant, seulement de façon diffuse : au nord-est de l’Ariège (Montaut-Saverdun-Mazères), en quelques sites en Haute-Garonne (Saint-Lys, L’Isle-en-Dodon, Escanecrabe, Saint-Lary-Boujan, Verfeil), et récemment repérée sur 3 sites dans le Gers et 2 sites dans le Tarn.

Carte de localisation de l’ambroisie trifide (Ambroisia trifida L.) fin 2021

 

Lutter tout en préservant l’environnement et les ressources en eau : quelles alternatives pour les agriculteurs ?

Lutter contre les ambroisies en milieu agricole est à la fois une nécessité et une obligation règlementaire sur une grande partie du territoire de la région.

Et ce qu’il faut savoir, c’est que le désherbage via les produits phytosanitaires est loin d’être l’unique solution pour lutter ! Il peut même aggraver certaines situations…

Face aux résistances développées à long terme et face à l’enjeu de préservation de la qualité de l’eau, étudions les options alternatives mobilisables par les agriculteurs pour agir en lutte et prévention.

EVITER – Informer, former, sensibiliser les agriculteurs pour éviter la contamination, avec un réflexe simple : l’arrachage avant grenaison dès l’apparition des premiers pieds !
    • Reconnaissance de la plante et connaissance de sa biologie pour une action le plus tôt possible en cas de contamination nouvelle,
    • Vérification des semences face aux éventuelles contamination,
    • Nettoyage avant intervention des engins agricoles d’une parcelle à l’autre,
    • Surveillance après passage des engins agricoles, déplacement de terres…
LUTTER – Des opérations mécaniques pour lutter sans usage de produits phytosanitaires
    • Au printemps, il convient de gérer les ambroisies avant le semis de la culture : lorsque la saison devient favorable à la levée des ambroisies (dès le mois de mars), réaliser une préparation du sol précoce pour anticiper le semis de la culture de printemps. Ce travail du sol superficiel servira de faux-semis.
    • Laisser ensuite le temps aux jeunes ambroisies de lever et les détruire ensuite mécaniquement avant le semis de la culture de printemps. De ce fait, le décalage de la date de semis de la culture est à prévoir.
    • Après levée, le binage devient délicat :
      • en cas de forte infestation, le binage employé seul n’offre pas un résultat suffisant car les ambroisies sur le rang subsistent après binage. De plus, le désherbage mécanique devient vite inefficace sur des ambroisies trop développées (4-6 feuilles).
      • Il est primordial d’intervenir tôt et de passer plusieurs fois si les fenêtres climatiques le permettent.
    • En été, il est nécessaire de gérer les intercultures estivales par les déchaumages : les cultures d’hiver laissent la possibilité de travailler le sol pendant l’été et donc de réaliser des déstockages de l’ambroisie. En effet, une fois la culture d’hiver récoltée, l’ambroisie prend le dessus. Il faut donc la gérer en interculture dans les chaumes, en effectuant tout type d’opération mécanique (déchaumages croisés, broyage + déchaumage, etc) permettant d’empêcher la grenaison.
PREVENIR – Un changement de pratique global pour prévenir les risques
    • Limiter les sols nus par le déploiement de couverts végétaux… Une prairie ou un abord de parcelle dont le couvert est bien implanté peut limiter le développement des ambroisies. Mais le risque de prolifération reste présent et il convient de faucher avant grenaison des ambroisies.
    • Introduire des cultures d’hiver pour gérer les ambroisies pendant l’été : intercaler 2 voire 3 cultures d’hiver successives permet de garantir le résultat économique des parcelles très infestées en esquivant les levées d’ambroisie, d’avoir accès à une plus grande diversité de modes d’action mécaniques possibles, et d’ouvrir des fenêtres d’intervention après récolte pour des déchaumages et déstockages d’été.
Consulter le Guide technique « LES AMBROISIES : UN PROBLEME AGRICOLE ET DE SANTE PUBLIQUE QUI NE FAIT QUE COMMENCER » – CRAO/FREDON/DRAAF Occitanie

Consulter les vidéos AGLAE autour d’opérations mécaniques en alternative aux désherbages chimiques – CRAO

 

Boîte à outils des animateurs territoriaux : comment accompagner les agriculteurs sur les aires d’alimentation de captage (AAC) ?

FREDON Occitanie anime une mission régionale de lutte contre les ambroisies, avec le soutien de partenaires institutionnels (ARS, DRAAF…). Elle est relayée localement sur plusieurs départements par les CPIE (09, 12, 31, 32, 34, 46, 65, 81, 82), ou par FREDON (11, 30, 48, 66).

Dans ce cadre, des outils peuvent être mobilisés pour agir et ainsi prévenir le risque de pollutions diffuses associées à cette lutte !

 

1/ S’informer pour connaître et partager les enjeux auprès des acteurs du territoire
2/ Mobiliser les ressources disponibles à l’attention des agriculteurs
Vers une mobilisation collective pour limiter l’implantation des ambroisies, les risques pour la santé des citoyens et préserver la qualité de l’eau !

Pour solliciter des outils ou en savoir plus : contactez-nous !

 

 

Source et crédit images : (c) FREDON Occitanie ; source cartes : CBN (conservatoire botaniques national) Pyrénées et Midi-Pyrénées – CBN Méditerranéen