[AVIS ANSES] – Recommandation de gestion Xylotrechus chinensis

Avis de l’ANSES relatif à « l’avenant à la saisine de catégorisation de 8 espèces d’insectes
exotiques incluant Xylotrechus chinensis »

Vous retrouverez ci-dessous les éléments essentiels de gestion en JEVI issues de l’avis de l’ANSES saisine n° « 2023-SA-0028 » (avenant de la saisine 2023-SA-0028) :

« Compte tenu des mesures de gestion identifiées par l’EFSA, le GT propose la mise en œuvre de diverses mesures de gestion des zones infestées. L’abattage des arbres attaqués est à privilégier, mais peut éventuellement être remplacé par un curetage ou un élagage. Les produits végétaux issus de ces interventions doivent être traités avec un soin particulier.
L’utilisation d’insecticides systémiques ou de contact peut également être envisagée mais leur efficacité totale n’a jamais été démontrée, tandis que leur impact environnemental et sociétal est indiscutable, surtout en milieu urbain.
Abattage, curetage et élagage en zone infestée.

Abattage.

Dès lors que la présence de trous sur le tronc est observée (il ne semble
pas que le collet ou les racines fassent l’objet d’attaques), la consigne devrait être
l’abattage selon une gestion individu-centrée (uniquement les arbres infestés) une
fois l’insecte caractérisé. L’abattage systématique des mûriers infestés est
particulièrement recommandé dans les zones nouvellement infestées (en dehors des zones connues comme déjà infestées). Hors zones nouvellement infestées, une
gestion de la zone infestée, dans un rayon de 3 km centrée sur l’arbre infesté et dans la zone attaquée (l’enveloppe entourant l’ensemble des arbres attaqués ; Cf. Figure 1) est à privilégier. La période à privilégier pour l’abattage des arbres infestés (notamment pour éviter la dissémination d’adultes lors de transports éventuels des produits d’abattage) se situe de novembre à avril.

Curetage.

Il s’agit du nettoyage (mise à nu jusqu’au bois sain) des parties infestées de l’arbre, lorsque celles-ci sont d’extension limitée. Bien que cette mesure n’ait pas fait l’objet d’études démontrant son efficacité, le GT considère qu’elle pourrait s’avérer pertinente en lieu et place d’abattage, sous la condition d’un suivi soigneux aboutissant éventuellement à l’abattage, chez les particuliers et pour les arbres patrimoniaux. Les arbres ainsi traités devront être surveillés pour détecter toute résurgence de l’infestation.

Taille et élagage.

La taille ou l’élagage en lieu et place d’un abattage complet (pour des arbres à valeur patrimoniale) se justifie pendant et en dehors de la période de vol. Il convient de prévoir un broyage après élagage et surtout d’éviter le transport du broyat pendant la période de vol de mai à octobre pour éviter la dissémination d’adultes. Les arbres ainsi traités devront être surveillés pour détecter toute résurgence de l’infestation.

Traitement, transport et entreposage des produits d’abattage, d’élagage et de curetage en zone infestée

Le GT recommande qu’un broyage ait lieu sur place en apportant une attention particulière à la taille maximale des copeaux qui devrait être inférieure à la taille des larves du dernier stade larvaire (5 cm maximum pour chacune des dimensions des copeaux : 5 cm x 5 cm x 5 cm). Le GT considère qu’un traitement thermique (justification et modalités éventuelles) est une option à écarter car trop coûteuse par rapport à l’usage du produit traité. Aucune filière de valorisation du bois de mûrier n’a été identifiée. L’incinération des bois infestés présente des difficultés. A moins de disposer d’une source d’énergie externe, il faut faire sécher le bois vert, ce qui aboutit au maintien de sources d’infestation pendant la durée du séchage.

Par ailleurs, pour le brûlage sur site, les arrêtés locaux en la matière doivent être respectés.
Le transport des déchets d’abattage, d’élagage et de curetage ne doit être envisagé
qu’en camion fermé ou en dehors de la période de vol de l’insecte (mai à octobre).
L’entreposage des déchets d’abattage doit également être réalisé en dehors de la
période de vol des adultes. Il convient d’éviter le transport en dehors de la zone
infestée, y compris vers des déchetteries.

Traitements insecticides en zone infestée

Traitements systémiques des arbres (arbres patrimoniaux) : des traitements par injection de benzoate d’émamectine sont techniquement possibles, moyennant une dérogation pour usage sur arbres d’intérêt patrimonial compte tenu de l’absence de produits phytopharmaceutiques autorisés pour un traitement insecticide systémique.

Cependant, le GT juge que ce résultat d’efficacité est à considérer avec prudence,
les résultats des essais effectués à l’étranger n’étant pas concluants. A cela s’ajoute le fait que l’utilisation d’insecticides à base de néonicotinoïdes est interdite en France.

Traitements de contact : un traitement de surface avec un pyréthrinoïde est
techniquement possible, mais son efficacité n’est pas connue à ce jour. Un seul
produit à base de lambda-cyhalothrine (SCIMITAR PRO), est actuellement autorisé pour cet usage en France (traitement des parties aériennes des arbres et arbustes contre les insectes xylophages et sous-corticaux). Le produit est adapté pour lutter contre les adultes avant qu’ils ne pénètrent dans le bois de l’arbre. Le produit a été testé sur des troncs abattus. Cette mesure de gestion est jugée peu judicieuse par le GT compte tenu de la nécessaire répétition du traitement qui est de plus peu spécifique.