[EESH] Les daturas sèment leurs graines !
Les daturas, plantes annuelles invasives de la famille des solanacées, sèment depuis l’automne leurs graines dans les grandes cultures et en bords de chemins. Il est temps de rappeler quelques faits sur cette plante invasive toxique et de véhiculer quelques conseils pour s’en débarrasser.
En effet, parmi les plantes à enjeu pour la santé humaine, le datura se trouve en bonne place. Bien qu’il ne soit pas réglementé au titre de la santé humaine, il a été listé dans l’annexe de la « LISTE DES ESPÈCES VÉGÉTALES SUSCEPTIBLES DE PORTER ATTEINTE À LA SANTÉ HUMAINE ET INFORMATIONS À MENTIONNER SUR LES DOCUMENTS D’ACCOMPAGNEMENT DES VÉGÉTAUX » (arrêté du 4 septembre 2020 relatif à l’information préalable devant être délivrée aux acquéreurs de végétaux susceptibles de porter atteinte à la santé humaine)
Qu’est-ce que le datura, et pourquoi cette plante pose problème ?
Le datura stramoine est une plante annuelle invasive de la famille des solanacées. Elle contient des alcaloïdes tropaniques – très toxiques pour l’homme et les mammifères – dans l’ensemble de la plante et surtout dans les graines.
Dans les champs, le développement végétatif luxuriant du datura le rend concurrentiel des cultures estivales, notamment des maïs, sojas, tournesols et productions maraîchères. Le datura a ainsi pu profiter de la monoculture de maïs et du déploiement des tournesols pour progresser depuis le Sud (Nouvelle-Aquitaine, Occitanie, Provence) jusqu’en Poitou-Charentes, Centre et Val-de-Loire. Son aire de répartition s’étend maintenant jusqu’en Picardie et Nord Pas-de-Calais.
Concernant les risques sanitaires, des débris de datura et des graines peuvent se retrouver dans la récolte et occasionner des intoxications tant chez les animaux ayant ingéré du fourrage contaminé que chez l’humain après la consommation de produits contaminés. En cas d’ingestion de datura, on observe une augmentation du diamètre de la pupille (mydriase), mais également hallucinations, troubles cardiaques (tachycardie jusqu’à arrêt cardiaque), confusion mentale.
Comment identifier le datura ?
(source Arvalis et ACTA)
Au stade plantule, les cotylédons sont grands et lancéolés. La tige et les pétioles sont pileux. Les feuilles alternes. Quel que soit le stade, une odeur désagréable, proche de celle du sureau, se dégage au toucher.

Au stade adulte, la tige est glabre et arrondie. Elle se ramifie et se solidifie. Les feuilles sont irrégulièrement dentées avec un long pétiole. La racine est pivotante. Les fleurs en forme d’entonnoir plissé de 6 à 10 cm de long sont solitaires à chaque bifurcation des tiges, blanches ou violettes.

Les fruits forment des bogues épineuses de 4 à 5 cm. Chacune contient environ 500 graines de 3 mm, plates, de couleur noir. Chaque pied de datura peut porter jusqu’à une centaine de capsules dont la déhiscence est échelonnée dans le temps.

Quels sont les moyens de lutte ?
Prophylaxie : Eviter l’introduction de graines de datura et lutter contre la montée en graine. Surveiller tous les apports de terre, les zones de travaux récents.
En milieu agricole, veiller à surveiller les parcelles en inter-culture ainsi que les bords de champs et les fossés. Une attention toute particulière doit être portée au nettoyage des machines entre chaque parcelle.
Lutte directe : On arrache !
Toujours en portant des gants, et de préférence avant la floraison. Veillez à ne pas laisser la plante sur place car elle peut se repiquer. En agricole, le labour est contre-indiqué pour la même raison. Un désherbage mécanique est possible quand les plants sont très jeunes et que les conditions sont sèches sur plusieurs jours.
Lutte agronomique : Moins de cultures de printemps
Les levées parfois tardives, rendent le datura difficile à détruire et très concurrentiel vis-à-vis des cultures de printemps. En cas de forte infestation, l’utilisation d’herbicides est possible.
Lutte indirecte renforcée : Dans les parcelles très infestées, envisager la culture d’une prairie pluriannuelle dense permet une lutte plus efficace.
En Occitanie, la pression du datura est plus forte entre Toulouse et St Gaudens, mais gardez l’œil ouvert, on peut en trouver dans toute la région !
Pour aller plus loin
Retrouvez le bulletin complet sur ce lien de la DRAAF.
Et d’autres informations sur FREDON France, observatoire des espèces à enjeux pour la santé humaine (OEESH) et sur INRAE.



