[RETEX] Quand la science s’allie à la nature pour freiner l’ambroisie !
La semaine du 12 mai la commune de St-Marcel-Paulel (31) a accueilli Anne-Marie Ducasse-Cournac, coordinatrice de la lutte contre les Ambroisies à FREDON Occitanie, accompagnée de deux chercheurs de l’INRAE Sophia Antipolis située à Antibes, spécialisée dans la lutte biologique : Nicolas Desneux, directeur de recherche et co-responsable de l’équipe MIB (interactions multi-trophiques et biocontrôle) et Zoé Rousset, doctorante.
De gauche à droite : Romain Scherpereel, Sophie Agostini, Zoé Rousset, Nicolas Desneux
L’ambroisie à feuilles d’armoise est une plante exotique envahissante originaire des États-Unis. En raison de son impact sur la santé publique et l’environnement, un arrêté préfectoral en rend la lutte obligatoire. Cependant, malgré les campagnes d’arrachage, les fauchages répétés et même les traitements chimiques, coûteux et parfois inefficaces, la plante continue de se propager plus rapidement qu’elle n’est maîtrisée. Chaque pied peut en effet produire plus de 1 500 graines. Entre juillet et septembre, les plants non éliminés entrent en floraison, libérant un pollen hautement allergisant, susceptible de provoquer des symptômes chez près d’une personne sur cinq.
Nicolas Desneux et Zoé Rousset s’intéressent à une de ces solutions alternatives, la lutte biologique par acclimatation. Contre l’ambroisie à feuille d’armoise, le candidat actuel est Ophraella communa, la chrysomèle de l’ambrosie. Cet insecte est présent en France en région Auvergne-Rhône-Alpes où il est arrivé naturellement il y a au moins 2 ans, depuis l’Italie. Observé en Europe depuis plus de 10 ans, son comportement et son évolution sont suivis par la Recherche Européenne. Très prometteur car très spécifique, celui-ci pourrait permettre de réguler la rapidité de dispersion de l’Ambroisie à feuille d’armoise avec à terme moins de pollen et une lutte plus facile.
Aujourd’hui le but de ces chercheurs est de mieux comprendre les dynamiques de dispersion de cet insecte, très présent le long du Rhône et dont le territoire augmente d’année en année. Des lâchers ont été faits en Occitanie afin de l’aider à s’implanter comme aide auxiliaire et de mieux étudier son expansion. Ils sont suivis par Romain Scherpereel actuellement en stage de fin d’étude sur les projets de lutte biologique contre les ambroisies, encadré par INRAE, FREDON et ACTA. Ces trois organismes sont très impliqués dans le développement de solutions alternatives pour faire face à l’interdiction des substances chimiques actives, notamment dans le milieu agricole (glyphosate, néonicotinoïdes etc.) faisant écho au plan d’action national PARSADA.
Cette étude, faisant l’objet de la thèse de Zoé Rousset, est aussi complétée par le stage de fin d’étude de Sophie Agostini, travaillant quant à elle dans les locaux de l’INRAE Sophia Antipolis. Son projet, trouver d’autres moyens de lutte alternatifs contre l’ambroisie, notamment la concurrence végétale à plusieurs niveaux de densité, et mesurer cette lutte associée à Ophraella communa. Elle s’occupe de la même manière des suivis des lâchers dans le département de l’Allier ainsi que de la dispersion naturelle d’Ophraella communa dans les départements où elle est déjà présente.